mercredi 21 décembre 2011

Préparation du sommier

Au printemps dernier, j'avais approvisionné une belle planche de chêne massif de 30mm d'épaisseur pour en faire un sommier. Stocké au sec à l'étage du pavillon, il s'agit maintenant d'en faire un sommier.
Pour ce faire, je me sers du sommier que j'avais réalisé à l'angle voulu en noyer américain (qui ne convenait pas) pour le coller à la planche rectangulaire et préparer la découpe à l'angle.

Collage des deux pièces

Cet assemblage, stable, va me permettre de découper le sommier à la scie circulaire.

Par ailleurs, j'ai décidé de plaquer le sommier, dessus et dessous, avec du noyer américain de 3mm d'épaisseur, ce qui donnera un contraste de couleur. Ce placage sera fait à fils croisés, ce qui doit limiter encore plus toute déformation du sommier et respecter la règle des nombres impairs de planches dans un contre-plaqué. Le placage du dessous jouxtera toutefois les montants, donnant une épaisseur réelle du sommier de 33mm. Les montants faisant 72mm de haut, le plan du sommier sera à 72+33 = 105 mm, ce qui correspond à la cote visée de 102mm pour faire reposer la table d'harmonie qui fait elle aussi 3mm.

J'en profite pour positionner les sillets et vérifier la longueur à c'' (corde courte, qui est de 26,5cm actuellement).

Positionnement des sillets sur le placage du dessus de sommier.

Enfin, je commence à repérer, sur le placage, l'emplacement des chevilles, en me servant d'un registre pour s'assurer de la régularité des espacements, et un outil de marquage bricolé avec une pointe d'accroche. L'angle de la corde entre la partie cheville et celle comprise entre le sillet et le chevalet est de 8°. La première cheville est définie par ses cotes dans le plan par rapport à la situation de la première corde d'''# sur le plan.

Marquage de l'emplacement des chevilles avec un registre comme repère.

A suivre ...

lundi 19 décembre 2011

Usinage des pièces

La nécessité d'attendre une aide pour le collage du chevalet me permet de terminer l'usinage des pièces nécessaires au montage de la caisse : équerres, renforts de fond, arcs-boutants.

Les équerres, disposées sur le pourtour du fond, sont destinées à supporter par dessus les contre-éclisses (ou liner), et sur le côté les éclisses. Ces équerres sont destinées à reporter sur le fond les efforts de tensions des cordes qui seront accrochées sur les contre-éclisses.


Equerres et barres de renfort

Il y en a une quinzaine; elles sont usinées à grain perpendiculaire au fond, ce qui me parait plus solide pour résister aux efforts (nota : sur le défunt clavecin, le grain était parallèle au fond, mais je n'ai observé aucune "déchirure" du bois sous l'effort).

Les barres de renfort sont des tasseaux de 20mm chanfreinés. Ils sont destinés à empêcher le fond de se tordre, car les efforts de tension des cordes sont rapportés sur le fond via les équerres. (Contrairement à la facture flamande où le fond est rapporté sur la caisse et ne supporte aucun effort.)

Toutes ces pièces sont en cèdre, bien évidemment.

Les équerres possèdent deux épaulements : l'un (A) sur lequel sera collé la contre éclisse, le second (B) servira uniquement de support au serre-joint lors des collages des contre-éclisses et éclisses.


Bien entendu, il faut calculer la hauteur des équerres et de l'épaulement A, de telle façon que la contre-éclisse affleure le plan de repos de la table (ici la cote définie au départ est 102mm), conformément au plan du Carlo Grimaldi 1697.

L'assemblage de l'équerre sur le fond m'a longtemps questionné. Le plan indique un assemblage avec une rainure profonde. J'ai trouvé plus simple de faire un assemblage "à lamelles" qui ressemble à celui des tenons et mortaise, et simple à faire. Il permet a priori une très bonne solidité, de par les surfaces encollées, dans le sens transversal des efforts.


Détail de l'assemblage à lamelle
Une vis viendra parfaire la pression lors du collage, au bord du fond, et vient résister à la composante de basculement de l'équerre.


Equerre en place (pour essai de vérification du principe)

Montage pour l'usinage des gorges avec la lamelleuse

Enfin, je prépare les arcs-boutants, à section octogonale (comme sur le plan).


Section octogonale des arcs-boutants (très grossi; 21 mm entre faces principales)

A suivre ...

mercredi 30 novembre 2011

Positionnement du chevalet

Après avoir découpé la table délicatement et l'avoir réservée, je positionne le plan sur le fond où sont restées les marques des pointes qui ont positionné le chevalet lors de son cintrage. Je superpose les trous du plan et les marques sur le fond et les colorie en rouge sur le plan.


Positionnement du chevalet sur la table, à travers le plan.

Puis, ayant glissé et positionné la table entre le fond et le plan, je cloue le chevalet sur la table, à travers le plan, en faisant bien attention de bien aligner les trous existants dans le chevalet et les trous repérés sur le plan. Ceci va produire des marques sur la table qui me serviront ensuite pour positionner le chevalet lors de son collage.


Repères de positionnement du chevalet sur la table
(chevalet déplacé)

J'en profite pour couper le chevalet à la bonne longueur et tailler à l'angle la crosse brisée.



Crosse brisée

Prochaine opération délicate : le collage du chevalet sur la table.

A suivre ....

samedi 26 novembre 2011

Préparation de la découpe de la table

Ricardo m'a livré cette semaine les éclisses en cyprès, mais il n'y avait pas assez de bois pour faire une table en cyprès, ce qui aurait été l'idéal.

La table d'harmonie sera donc en épicéa, scié sur quartier et assemblé à 27° de l'échine.
Maintenant que le fond est à la dimension voulue, j'ai donc ressorti la table qui séchait depuis plus de 6 mois, à l'étage, pour la positionner sur le fond, et prendre les repères de découpe.


Positionnement de la table sur le fond

Par en dessous, en suivant la courbe du fond on trace au crayon la marque de découpe de la table.


Tracé de découpe de la table.

Il ne reste plus qu'à découper .... délicatement.

A suivre ...

samedi 16 avril 2011

du cyprès, enfin !

Depuis que j'ai démarré ce projet, j'étais à la recherche de bois de cyprès. En effet, essence méditerranéenne, le bois de cyprès est le matériau de choix, associé au cèdre du Liban, pour un clavecin italien.
Mais, tant chez les marchands de bois, que chez les facteurs, on me disait : "Impossible, on n'en trouve plus !".

Pourtant, en début d'année, j'ai fait la connaissance par Internet, de Marc, facteur installé en Allemagne, qui, entre autres discussions très techniques sur la facture de clavecin, m'a proposé un quartier de cyprès qui était au fond de son atelier depuis 20 ans, et qu'il n'aura plus l'occasion d'utiliser car il doit prendre sa retraite bientôt.

Après une longue négociation sur le prix (aie! aie !), je suis allé ces jours-ci à son atelier ( 1600 km AR ...) chercher un bloc de 2,55m de long d'un morceau de cyprès, taillé sur quartier, et d'environ 30 cm de rayon. Une pièce introuvable, et rare (d'où le prix .....).

Le quartier d'origine faisant 4,20m , Marc en a quand même gardé un bout, pour un petit italien .... on ne sait jamais !


Coupe du quartier de cyprès


Au coeur du bois !

A partir de cette pièce, Ricardo devrait pouvoir me débiter des éclisses de 6 mm d'épaisseur pour Opus-5.


A suivre ....

samedi 26 février 2011

Rectification du clavier (suite)

Deux choses m'intriguaient dans le clavier récupéré de l'ancien instrument :
  • - l'extrémité de la touche 2,
  • - l'absence de limitation de la course des touches des feintes à l'avant des touches.
J'ai décidé d'y remédier.

La touche 2.

L'extrémité de cette touche est bizarre (vous avez dit Bizarre ?) comme si un sautereau s'y était coincé lors d'un mouvement du clavier lors d'une transposition, et que pour décoincer le tout, il avait fallu des coups de ciseaux (à bois) !


Aspect de la touche n°2

Cela occasionne un espace trop large entre les touches 2 et 3 (3 à 4 mm) pouvant occasionner à nouveau un "coinçage" de sautereau dans l'espace inter-touche. Je décide donc d'augmenter la largeur de la touche à cet endroit.
Pour ce faire, un passage à la scie à ruban permet d'avoir un côté "franc"


Rectification de la touche 2

sur lequel je viens coller un petit morceau de bois de 3mm d'épaisseur.


Remise à la largeur voulue de la touche 2 (vue de dessous).

Puis, sur le dessus, je remets un morceau de feutre similaire à celui des autres touches.



Touche 2 après rectification.
C'est quand même mieux !

Garnissage de l'avant du clavier.

Dans un clavecin, il y a essentiellement trois manières de limiter la course des touches :
  • la française, par arrêt des sautereaux sur le chapiteau,
  • la flamande, par arrêt des touches sur une baguette collée au-dessus du peigne du clavier.
  • l'italienne, par arrêt des touches au niveau de l'avant du clavier.
La manière française a l'inconvénient de provoquer des vibrations dans le chapiteau, principalement dans le medium, vibrations qui peuvent générer des bruits surtout si le chapiteau n'est pas bien serré dans ses montants.

La manière italienne a le mérite de la simplicité, et de l'absence de bruit à partir du moment où la planche avant du clavier est bien rembourrée de feutre.
Or, sur ce clavier, la planche avant est trop étroite, et on ne peut pas mettre de feutre pour limiter la course des feintes. Je décide donc d'élargir cette planche de 2 cm, en collant simplement une planchette additionnelle.


Extension de la largeur de la planche avant du chassis du clavier

Puis, ensuite, je recharge cette planche de feutre pour arrêter la course des touches.


Garnissage de feutre de l'avant du clavier.

Avec ce feutre, l'enfoncement des touches ("dip") est de 7 mm, provoquant un mouvement de 10-11 mm au niveau du sautereau, compte tenu du rapport avant/arrière des longueurs des touches (qui est de l'ordre de 1,45).

L'enfoncement des feintes est un plus grand, on verra plus tard comment recharger un peu le dessous des feintes, si nécessaire.

Graphitage du peigne.

Pendant le séchage du collage de la planche avant, j'en profite pour graphiter, avec du crayon 2B, les fentes du peigne pour bien les lisser et les lubrifier, afin de limiter au maximum bruits et frottements.


Graphitage des fentes du peigne.

A suivre ....

mercredi 23 février 2011

Rectification du profil de la courbe

Les vacances de Noël étant déjà très loin, et après quelques soucis de santé, j'ai repris le chemin de l'atelier.

Tout d'abord, j'ai vérifié par un montage à blanc que le sommier était bien sur ses montants, avec le contre-sommier, le clavier, les registres, et qu'il n'y avait que des problèmes d'ajustement.


Montage à blanc du sommier

En fait, après discussion avec des amis facteurs, le noyer américain se prête mal à cette fonction; j'ai cru qu'il avait les mêmes propriétés que le noyer français; il n'en est rien! J'ai donc commandé un sommier en chêne, sur quartier, car du noyer français, il n'y en a plus !

En attendant, je me suis attaqué à la rectification de la courbe du fond, après avoir enlevé le chevalet qui est resté plusieurs semaines dans sa forme, et qui la garde !

J'ai installé le fond verticalement sur mon établi pour être plus à l'aise pour travailler, et, après avoir affuté la lame de ma wastringue, je rectifie le profil pour qu'il soit :

- selon une courbe de courbure "monotone" décroissante,
- avec un bord "d'équerre" par rapport au plan du fond.


Montage du fond, verticalement sur l'établi, pour rectification de la courbe.

A chaque passage (un peu délicat car on est souvent en bout de fil), je vérifie l'équerrage du bord.


Vérification de l'équerrage du bord

Et on fignole en ponçant !

A suivre ....