samedi 17 avril 2010

De surprise en surprise !

Maintenant que les choses sont claires sur le plan de la déformation de l'instrument, je l'ai décordé. Aussitôt, la fosse s'est déserrée, et j'ai pu enlever les registres sans problème.

Je m'attache donc maintenant à "déconstruire" l'instrument, pour en savoir plus sur son architecture interne.

J'ai donc tout d'abord décollé l'échine, ce qui me permet de voir tout l'intérieur de l'instrument, et là, surprise : la forme des équerres !



Alors que dans la littérature (Hubbard notamment), et sur A tempo giusto, les équerres collées sur le fond et soutenant les contre-éclisses, sont réellement des équerres, là, un des côtés de l'angle droit a été usiné en creux sur 12 mm, pour une corde de 80mm ! Et elles sont toutes de cette forme : les 4 de l'échine, et les 8 de l'éclisse courbe.


Même à la queue, le barrage en croix est éloigné de l'échine de 3mm, sauf l'extrémité qui est donc le seul point fixe de l'échine, sur la totalité de sa largeur depuis la queue jusqu'au sommier.

Nul doute que cette conception a pour but de faire résonner les murs de l'instrument puisque les éclisses sont aussi fines qu'une table d'harmonie : 3mm !

Mais, car il y a un mais, ce faisant, la rigidité de l'échine, et on l'a vu précédemment, en a pris un coup, puisqu'elle a "flambé". Tous ceux qui ont fait un peu de Résistance Des Matériaux se rappelleront que l'effort pour faire flamber une poutre d'une section donnée varie comme le rapport inverse du carré de la longueur. (F=K/L2). Plus la poutre est longue, plus l'effort de compression pour la faire flamber est faible. Pour éviter cela, il faut s'assurer de points fixes répartis sur le longueur de la poutre (cas des échafaudages sur les immeubles de grande hauteur par exemple).

Ainsi, avec deux mètres de portée, l'échine a flambé, avec une force de 100 Kgf environ (20% de la tension totale). Si elle avait été bien collée sur toute sa largeur en 5 points, soit 6 intervalles, la force nécessaire pour la faire flamber de la même façon aurait du être 36 fois plus forte, soit 3,6 Tf, ce qui est impossible puisqu'il n'y a que 500 Kgf de tension globale.

Conclusion : le facteur original a voulu sans doute "gagner" en sonorité, mais l'instrument a perdu en résistance structurelle ! Comme on dit souvent, et surtout dans ce cas, le mieux est l'ennemi du bien.

Maintenant, il se peut qu'historiquement, ceci se soit fait; je vais enqêter auprès du forum américain HPSCHD-L pour le savoir. Restera à voir dans ce cas si le ou les instruments en question ont tenu ou non.

Car rien ne dit que tous les instruments qui sont dans les musées aient été les meilleurs; on a pu aussi récupérer des "essais" qui n'ont pas marché, voir des nullités.

A suivre ....

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