lundi 28 juin 2010

Rectification du clavier.

La géométrie de l'instrument va dépendre du positionnement du clavier. Mais, une fois ce dernier posé sur le fond, je m'aperçois de divers problèmes.

Premièrement, les ergots de bout de touche dépassent du peigne à l'arrière. Cela peut être facheux dans la mesure où le peigne vient très près de la "lower belly-rail"; le jeu entre le peigne et cette planche est de 2 mm, car il doit permettre la transposition vers le haut, soit au moins 1,2 mm, puisque le châssis du clavier est trapézoïdal. Je décide donc de rectifier ces ergots à la ponceuse.



Opération de rectification.


Ergot rectifié.

Et pour diminuer les bruits de frottement, je "graphite" les deux faces des ergots pour qu'ils coulissent au mieux, et sans bruit, dans les fentes du peigne. Ca n'a l'air de rien mais dans le silence de l'atelier, cela s'entend !


Graphitage des ergots de bouts de touches.

Ensuite, je m'aperçois que le châssis du clavier est voilé; il ne repose pas bien à gauche sur le fond. Je fabrique donc une fine cale (2mm) en biseau, que je colle, pour ajuster le coin gauche du clavier avec le fond, pour éviter qu'il ne bouge et qu'il reste bien dans son plan.

Collage de la cale.

Puis je vérifie la planéité du tout, sur le fond.

Le plan des bouts de touches.

Le plan du bout des touches est à 43mm du fond (à gauche comme à droite), soit 1 mm au-dessus du Grimaldi 1697, car la barre de balancement fait un mm de plus. Cela donne une première cote pour l'élévation et les calculs ultérieurs.

Au passage, j'en profite pour régler la hauteur de certaines touches (trop hautes ou trop basses) du clavier, en jouant sur l'épaisseur et le nombre des "mouches" au niveau des points de balancement.



Vue sur les "mouches".

J'en profite aussi pour le cirer. Apparemment, le vernis qui a été passé sur les touches est très léger, car l'encaustique à la cire d'abeille est absorbé très vite. Il faudra que j'en passe plusieurs fois. J'aime bien les claviers doux sous les doigts et bien cirés; c'est le premier contact avec l'instrument !

Je rectifie aussi le fait que certaines feintes noires laissent voir la touche sur laquelle elle sont collées, ainsi que deux ou trois qui entrainent une marche par frottement, dans leur mouvement.

Dès que j'aurai approvisionné du drap, j'en rajouterai une couche sous les touches, à l'avant, car la couche de drap existant est trop fine, et le "dip" (profondeur d'enfoncement) me semble trop important. Mais ce sont des réglages à faire à la fin, les sautereaux et le chapiteau étant en place. Normalement, sur les clavecins italiens, c'est la planche avant du châssis du clavier, muni de drap, qui arrête la course des touches.

Le clavier ainsi rectifié est posé sur le fond, et les opérations de traçage vont pouvoir commencer, en fonction du clavier et du plan du Grimaldi 1697.


Début du traçage.

A suivre !...

lundi 21 juin 2010

Opus-5 : c'est parti !

Le projet Opus-5 est démarré.

J'ai rencontré Ricardo, un ancien ouvrier d'un facteur parisien, qui connait bien le métier et qui possède l'outillage pour faire un fond. Je lui ai donné du bois de Cèdre que j'avais approvisionné en avril, et aujourd'hui, fête de la Musique, il m'a livré un fond qui fait exactement la dimension du clavecin précédent (on avait fait un patron avec du carton), mais qui nécessitera bien sûr d'être retaillé.



Le bois est joli, sans noeud, doux au toucher et avec une odeur typique de résineux quand on le frotte. Après l'usinage, le fond laisse dans l'atelier une odeur qui devient vite entêtante; la bonne odeur du Cèdre. L'épaisseur est de 18 mm, comme sur le plan du Grimaldi (pas raison de faire moins).

Je vais réutiliser a priori le clavier de l'ancien instrument qui va de GG à e''' en chromatique. Mais le clavier du Grimaldi 1697 va de AA à c''', sans GG#. De plus, il n'a pas exactement le même module (intervalle entre deux paires de cordes ou deux sautereaux). De ce fait, je suis obligé de redessiner un plan pour l'instrument, d'autant que je ne compte pas faire une double transposition : cela va éviter deux cordes dans les graves et diminuer un peu la tension. Il n'y aura donc qu'une transposition 415-440Hz.
L'instrument sera donc un peu moins large que le précédent d'environ 13,7 mm, le module du clavier, ou alors j'augmenterai un peu les blocs de bout de clavier pour ajuster la largeur.

Clavier actuel posé sur la planche du fond.

Pour dessiner l'instrument, je vais utiliser la méthode "inside-out" décrite par Denzil Wraight, Stephen Birckett et William Jurgenson dans la littérature. C'est à dire que l'on commence par dessiner, sur le fond, tous les éléments géométriques, et notamment le chevalet; les murs viendront après, en finition, une fois tous les autres éléments définis. Nos aïeux ne connaissaient pas les plans; ils dessinaient directement sur le bois.

Enfin, ce même jour, j'ai été livré de la petite machine à bois commandée en Allemagne. Elle me sera utile pour faire différentes pièces de bois, du moins dans les limites des dimensions utiles de la machine.


Machine à bois juste déballée.

Ricardo m'a aussi rendu quelques planches de mon bois, à 20mm d'épaisseur, pour les travaux ultérieurs.


Planches de cèdre du Liban.
Voila ! Je suis à pied d'oeuvre. Y'a plus qu'à, comme on dit !

Mais le programme de l'été qui débute est bien chargé d'autres activités. Sur ce projet, rien ne presse, on verra sans doute à la rentrée, à moins que, d'ici les vacances, je ne me fasse la main avec la machine sur le peigne du clavier (le peigne actuel ne me plait pas du tout : il est en isorel et le bout des pointes dépasse !) ou une ébauche de contre-sommier.

A suivre ....